De gueules à 4 Otelles d'argent,

 

Otelles : En blason bouts de fer de piques dont on charge quelquefois l'écu

 

 

Les états de Comminges

 

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1. Origines du Comté (585-579-1176) étude critique

 

1.1 - Les caractères originaux du pays de Comminges 

 

Le Comminges est le pays pyrénéen situé au cœur de la grande chaîne méridionale de la France dans l'éventail des vallées de la Haute-Garonne et de ses affluents. La situation géographique, considéré du point de vue de l'histoire, a été à la fois excentrique par rapport à la France médiévale, et centrale par rapport au Midi gascon et languedocien et à l'Espagne chrétienne. Il n'est pas étonnant que, placé loin du centre de gravité de la France capétienne, le Comminges ait longtemps méconnu l'autorité de ses rois et qu'il ne soit entré dans le domaine royal qu'à la fin du moyen-âge. Sa situation centrale dans le midi a aussi permis à ses comtes d'essayer leur chance seuls entre leurs grands voisins de Gascogne, de Toulouse et d'Aragon. Par contre, ainsi placé à l'heure où la fortune comtale a décliné, il n'a plus été que le terrain de lutte et l'enjeu de la rivalité des maison d’Armagnac et de Foix-Béarn. Cette situation a assuré au Comminges sinon un rôle, et presque toujours une présence dans les grands courants de l'histoire méridionale.

Les limites du Comminges sont loin d'être nettement tracées par la géographie.

Le cadre le plus ancien du Comminges est celui des deux plus anciennes cités gallo-romaines des CONVENAE et des CONSORANNI

  • au SUD, les crêtes de la haute-vallée d'Aure à l'horizon méridional de la vallée d'Aulus englobant le tracé du Val'd'Aran,
  • à l'OUEST, les massifs de Néouvielle et de l'Arbizon et le rebord du plateau de Lannemezan séparaient le Comminges primitif des vallées bigourdanes,
  • à l'EST, le partage avec les pays fuxéens se faisait à travers les vallées de Massat, le massif de l'Arize et les chaînons du Plantaurel,
  • au NORD enfin, une ligne partant des abords de NENIGAN sur la Gimone pour aboutir vers MANCIOUX dans la cluse de la Garonne, en coupant les hautes vallées de gesse, de la Save et de la Louge, finissait son destin.

Pendant le haut moyen-age s'est opéré le passage et la transformation de la cité au Comté. Amputé de ses vallées occidentales du Val-d'Aran, du Cousseran et plus tard du Nébouzan, il a cherché une compensation vers le nord, dans la plaine et les terrasses de la Garonne et de la Save et, au XXIème siècle il s'est allongé sur la Save en aval de Samatan et sur la Garonne en aval de Muret à quelques à peine des portes de Toulouse.

Le Comminges comme les autres pays pyrénéens c'est l'association de deux milieux complémentaires la montagne et la plaine.

Il est aussi dans le dessin géographique du Comminges des cadres plus restreints, des voies et des sites privilégiés auxquels volontiers s'est accroché l'histoire.

Dans ce pays accidenté et coupé, les positions militaires et les passages obligés ne manquaient pas.

Ainsi sa situation, les caractères généraux de son relief, l’équilibre internes de sa vie économique et les détails de sa morphologie ont préparé le pays de Comminges à devenir le cadre, très lâche d'ailleurs, d'une petite principauté territoriale et ont favorisé comme telle sa longue existence.

 

1.2 - L'atmosphère Historique (premiers siècles du Moyen-Age.

 

Pour important qu'aient été les facteurs géographiques que nous venons de développer, on ne doit pas perdre de vue qu'ils n'auraient su jouer seuls et que c'est surtout dans l'histoire qu'il faut chercher les origines du comté de Comminges.

Ecrire une histoire des Comminges du VIIème siècle au Xème siècle avec quelques maigres textes et des chartes d'un maniement périlleux serait une entreprise téméraire.

La mort de Gondovald et la destruction de Lugdunum Convenarum (ndlr : aujourd'hui Saint-Bertrand de Comminges) par les troupes de Gontran, en mars 585, marque la fin de l'histoire du Comminges gallo-romain.

Nous connaissons déjà les limites des deux cités inséparables à cette époque. Même vidées de leur contenu, elles ont continué après le VIème siècle, a être l'enveloppe d'une ???? qui avait déjà derrière elle de longues habitudes de vie commune. Elles sont aussi restées le cadre moral où les diocèses de Comminges et de Couserans ont inscrit leur histoire pendant le moyen-âge.

Au VIème siècle, sans la société rurale commingeoise, subsisteraient sans doute à coté de grandes exploitations de petits domaines de cultivateurs libres. Des seigneuries se sont de bonne heure cristallisées dans les premières ; Alleux (Un alleu ou franc-alleu est une terre dont le possesseur ne doit pas d'hommage ou de reconnaissance à un seigneur) et petits chevaliers des hautes vallées seront les lointains successeurs des seconds.

Du VIème siècle au VIIIème siècle les chroniques mérovingiennes ignorent a peu près le Comminges. Les confins méridionaux étaient si lointains pour la royauté franque. Il est probable que celle-ci prit possession des cités pyrénéennes après les campagnes de Thierry dans le midi.

C'est vers 578 que les Vascons venus d'Espagne se jetèrent en effet sur les vallées occidentales des Pyrénées. Aucun des épisodes connus des luttes entre Vascons et Francs au VIIème siècle ce se place cependant en Comminges.

Au début du VIIIème siècle les pays du centre pyrénéen paraissent avoir été détachés de toute obédience. La domination mérovingienne n'a laissé d'autres traces que les ruines d'une cité qui mettra des siècles à se relever. Le peuplement franc n'a pas atteint les Pyrénées centrales. L'influence des Vascons doit au contraire y avoir été très forte.

Les musulmans n'ont traversé les Pyrénées que par les Albères et par les cols occidentaux de la chaîne et ne se sont maintenus qu'en Septimanie de 719 à 759 (ndlr :La Septimanie, ou province de Narbonne correspond approximativement à la partie occidentale de l'ancienne province romaine de la Gaule narbonnaise), les populations des hautes vallées ont échappé à leur domination.

Que venues de l'Est, de l'Ouest, ou plus difficilement du Sud à la faveur d'un coup de main heureux, des bandes armées aient pu quelquefois atteindre les Comminges c'est donc tout ce que l'histoire permet de conjoncturer. Episodes qui durent néanmoins frapper les esprits pour avoir fait rattacher au nom de « Maure » toute une catégorie de toponymes et fait attribuer parfois aux sarrasins, parfois aux défenseurs des vallées de tours construites bien après le VIIIème et IXème siècle.

 

1.3 - Aux origines historiques du comté

En dehors de ces pauvres échos et invasions sarrasines le Comminges n'a pas d'histoire au VIIIème siècle. A son église même on ne connait pas de titulaires de 673 jusqu'aux environs de 790.

Les Terribles invasions normandes même qui atteignirent Toulouse en 864 et qui ravagèrent la Gascogne pendant le IXème siècle et le début du Xème siècle ne troublèrent probablement pas beaucoup la vie des vallées commingeoises.

Le terrain ainsi dégagé de l’hypothèque d'un comté carolingien on est plus libre pour apprécier la généalogie que J. JAURGAIN a échafaudée pour établie les origines et les premiers maisons de la maison de Comminges. (J. de Jaurgain – La Vasconie t. II p. 285 et s.)

La famille centrale aurait eu pour ancêtre ce comte AZNAR qui conduisit en 824 une expédition dans la région de Pampelune et qui mourut violemment en 836, rebelle à Pépin d'Aquitaine. Aznar fut un important personnage :

  • venu d'Aragon au service de Charlemagne, comte d'Urgel après 815 et oeut-être d'Aragon après 824, il s'intitulait au moment de sa mort « Comte de Vasconie citérieure »
  • a sa mort, son frère Sanchez-Sanchez le remplaça en Gascogne, malgré les oppositions de Pépin, et s'y maintint en louvoyant entre les clans qui se disputaient l'Aquitaine.
  • c'est à un de ses fils, Garsia, que l'auteur de la Vasconie a attribué le Comminges et le Couserans.

Trois comtés effectivement connus touchaient alors au territoire commingeois

  • le comté de Fezensac au Nord,
  • le comté de Toulouse au Nord-Est et à l'Est,
  • le comté de Pallars et de Ribagorza au sud

 

Les comtes de Fezensac, Burgund d'abord, puis Lieutard, ont agi de concert avec les comtes de Toulouse. On pourrait donc penser en l'absence de tout texte formel de part et d'autre, plus conforme aux possibilités d'action que le Comminges et le Couserans aient été à cette époque dans la sphère d'influence des cotes de Toulouse, plutôt que dans celle des Aznar et des Gascons. Cette hypoyhèse géographique du rattachement du Comminges et du Couserans à l'administration du comté carolingien de Toulouse au IXème siècle nous paraît fortifié par le silence impressionnant des source sur l'existence du Comté de Comminges.

Le sol historique ne devient plus solide, quoique pour longtemps encore souvent indécis, qu'à la fin du X siècle. Nous allons trouver un Arnaud (ndlr : 948 – 957, marié à Arsinde, comtesse de Carcassonne ) et un Raimond dont les existence sont certaines et qui ont été effectivement comtes des Comminges. C'est avec eux seulement que commence l'histoire du Comté de Comminges.

Le pays de Comminges, prédisposé par sa géographie et pas ses antécédents de vie commune, a glissé vers la forme féodale pendant cette période des IXème et Xème siècles pour laquelle nous sommes si pauvre en documents.

Ainsi, lorsque le comté sort de la nébuleuse féodale du Midi, avec des limites inconsistantes et une famille apparemment plus tournée vers Toulouse et Carcassonne que vers la Gascogne, ne pouvons-nous le considérer que comme un fait dont la genèse reste insaisissable dans ses particularités.

 

2. Les comtes, essai de chronologie (à venir)